par Christine Zanella-Savy
« Le théâtre doit être le lieu et l’occasion du débat social, revendique Michel Boissier, secrétaire général des Amis du Théâtre Populaire d’Alès (ATP). Son rôle est de soulever des questions qui concernent l’homme ou la société ».
Ce théâtre social n’est rien d’autre en fait que le théâtre classique, celui qui invite le spectateur à se positionner et à réfléchir. « Nous sommes d’un classicisme qui dure, sourit-il. Et pourtant nous sommes atypiques ! »
Michel Boissier voit donc “Les ATyPiques”, héritiers du fameux Festival du Jeune Théâtre qu’il a créé en 1978, comme « les derniers gardiens de ce théâtre classique », qui recherchent dans le théâtre quelque chose de plus profond qu’un simple divertissement. Ce qui n’empêche pas les pièces programmées d’être pétries d’humour : « Hors de question de proposer des représentations qui sont des prise-de-tête ! ».
Les valeurs exigeantes de ce théâtre humaniste, revenant à l’essentiel du texte et du jeu d’acteur, traversent naturellement les pièces présentées lors de la 27e édition du festival.
À l’exemple du “Rossignol à la langue pourrie” (14 novembre à Cendras), mettant en lumière les vers du poète Jehan Rictus (1867-1933), qui décrivent les gens très humbles, muets et invisibles des faubourgs parisiens.
Ou encore “On n’a pas pris le temps de se dire au revoir” (le 19 novembre à Saint-Martin), sur le thème du déracinement, qui traite des difficultés pour les immigrés à faire l’amalgame entre leurs deux cultures.
“Classement sans suite” (21 novembre à Allègre-les-Fumades) aborde le problème des violences sexuelles et de la façon dont la justice les aborde, « sachant que 3 % des plaintes aboutissent à un jugement ».
Enfin “La dette” (5 décembre à Alès) réussit à présenter de façon réjouissante cette question économique austère dont on nous rebat les oreilles depuis des décennies.
Sans oublier “Le repas des gens” (27 et 28 novembre au Cratère) qui entraîne le public dans un univers absurde qui fait songer aux Deschiens de Jérôme Deschamps, que les ATP avaient d’ailleurs programmés au tout début de leur existence, voilà plus de 40 ans.
Cette sélection au couteau, issue de quelque cent pièces de jeunes créateurs vues durant l’année par l’équipe des ATP, est proposée comme un cadeau sur le bassin alésien, dans de “petites formes” qui permettent une proximité revigorante entre les comédiens et le public. « Nous présentons au public la crème de la crème des créations théâtrales récentes » conclut Michel Boissier.
À consommer sans modération.
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