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L’Atlantique Noir est un concept forgé par le sociologue britannique Paul Gilroy dans son ouvrage majeur The Black Atlantic : Modernity and Double Consciousness (1993). Il désigne l’espace culturel, historique et politique formé par la diaspora africaine à travers l’océan Atlantique, en particulier entre l’Afrique, les Amériques, les Caraïbes et l’Europe. Ce concept met en lumière la dynamique critique et créative née de l’expérience commune de la traite négrière, de l’esclavage et de la dispersion forcée des populations africaines, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. L’Atlantique Noir n’est ni un simple espace géographique ni une identité figée : il s’agit d’un réseau d’échanges, de circulations et de créations culturelles hybrides, qui transcende les frontières nationales et ethniques. Gilroy insiste sur le rôle central de la musique et des formes artistiques comme vecteurs de mémoire, de résistance et de réflexion sur la modernité, permettant à la diaspora noire de forger une « contre-culture de la modernité ». Ce paradigme remet en cause les visions nationalistes et propose une lecture transnationale de l’histoire, où l’expérience noire est constitutive de la modernité occidentale. L’Atlantique Noir est ainsi devenu un outil fondamental pour penser la complexité des identités noires, la pluralité des mémoires et les circulations culturelles issues de l’histoire de l’esclavage, tout en offrant une perspective critique sur les sociétés contemporaines.
La salsa, dans son essence et son histoire, incarne parfaitement les dynamiques de l’Atlantique Noir telles que théorisées par Paul Gilroy. Ce genre musical, né de la rencontre et du brassage des cultures africaines, européennes et caribéennes, illustre l’hybridité culturelle propre à l’Atlantique Noir : la salsa puise ses racines dans le son cubano, lui-même issu de la fusion des rythmes africains apportés par les esclaves et des mélodies européennes, avant d’évoluer à New York au contact du jazz et des communautés latino-américaines.
La salsa n’est donc pas simplement la musique d’un lieu, mais celle d’une diaspora, d’un espace en mouvement, d’un « vecteur » reliant l’Afrique, les Caraïbes, l’Amérique et l’Europe. Elle exprime la condition diasporique, la créativité née de l’exil, de la traversée et de la recomposition identitaire : ses percussions, ses rythmes syncopés et ses chants collectifs sont autant de traces de l’héritage africain et de la mémoire de la traite négrière.
Ainsi, la salsa est à la fois produit et symbole de l’Atlantique Noir : elle témoigne de la circulation, du métissage et de la résilience des cultures issues de la diaspora africaine.
Aborder le concept d’Atlantique noir auprès du grand public grâce à une conférence musicale ludique permet de proposer une perspective globale sur les cultures issues de la diaspora africaine, en dépassant les visions nationalistes ou essentialistes afin de révéler la complexité des cultures qui nous constituent.
Présenter et expliquer l’Atlantique Noir aux jeunes des quartiers populaires présente plusieurs intérêts majeurs, tant sur le plan identitaire que citoyen et culturel. Outre la découverte de styles et rythmes musicaux qui sont souvent les parents de ceux qu’écoutent la jeunesse actuellement (On retrouve les motifs de clave Caraïbes et afro-cubaines comme base de la plupart des productions rap/drill actuelles), divers aspects peuvent être mis en perspective :
En somme, expliquer l’Atlantique Noir aux jeunes des quartiers, c’est leur offrir des outils pour comprendre leur place dans le monde, valoriser leur histoire, déconstruire les préjugés, renforcer la confiance en soi et ouvrir des perspectives d’engagement et de dialogue interculturel.
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