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Conférence musicale DJ James Stewart

Le 4 juillet 2025
par Philippe Couret
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James Stewart, producteur, musicien, DJ, conférencier et surtout référence incontournable sur le sujet des musiques afro-atlantiques, présentera, à travers sa discothèque et ses connaissances, comment la musique cubaine a débarqué à New York il y a plus de 60 ans pour devenir ce qu’on a appelé la salsa !
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L’Atlantique Noir

L’Atlantique Noir est un concept forgé par le sociologue britannique Paul Gilroy dans son ouvrage majeur The Black Atlantic : Modernity and Double Consciousness (1993). Il désigne l’espace culturel, historique et politique formé par la diaspora africaine à travers l’océan Atlantique, en particulier entre l’Afrique, les Amériques, les Caraïbes et l’Europe. Ce concept met en lumière la dynamique critique et créative née de l’expérience commune de la traite négrière, de l’esclavage et de la dispersion forcée des populations africaines, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. L’Atlantique Noir n’est ni un simple espace géographique ni une identité figée : il s’agit d’un réseau d’échanges, de circulations et de créations culturelles hybrides, qui transcende les frontières nationales et ethniques. Gilroy insiste sur le rôle central de la musique et des formes artistiques comme vecteurs de mémoire, de résistance et de réflexion sur la modernité, permettant à la diaspora noire de forger une « contre-culture de la modernité ». Ce paradigme remet en cause les visions nationalistes et propose une lecture transnationale de l’histoire, où l’expérience noire est constitutive de la modernité occidentale. L’Atlantique Noir est ainsi devenu un outil fondamental pour penser la complexité des identités noires, la pluralité des mémoires et les circulations culturelles issues de l’histoire de l’esclavage, tout en offrant une perspective critique sur les sociétés contemporaines.

Naissance de la Salsa à New-York

La salsa, dans son essence et son histoire, incarne parfaitement les dynamiques de l’Atlantique Noir telles que théorisées par Paul Gilroy. Ce genre musical, né de la rencontre et du brassage des cultures africaines, européennes et caribéennes, illustre l’hybridité culturelle propre à l’Atlantique Noir : la salsa puise ses racines dans le son cubano, lui-même issu de la fusion des rythmes africains apportés par les esclaves et des mélodies européennes, avant d’évoluer à New York au contact du jazz et des communautés latino-américaines.

La salsa n’est donc pas simplement la musique d’un lieu, mais celle d’une diaspora, d’un espace en mouvement, d’un « vecteur » reliant l’Afrique, les Caraïbes, l’Amérique et l’Europe. Elle exprime la condition diasporique, la créativité née de l’exil, de la traversée et de la recomposition identitaire : ses percussions, ses rythmes syncopés et ses chants collectifs sont autant de traces de l’héritage africain et de la mémoire de la traite négrière.
Ainsi, la salsa est à la fois produit et symbole de l’Atlantique Noir : elle témoigne de la circulation, du métissage et de la résilience des cultures issues de la diaspora africaine.

Aborder le concept d’Atlantique noir auprès du grand public grâce à une conférence musicale ludique permet de proposer une perspective globale sur les cultures issues de la diaspora africaine, en dépassant les visions nationalistes ou essentialistes afin de révéler la complexité des cultures qui nous constituent.

Présenter ces concepts en QPV

Présenter et expliquer l’Atlantique Noir aux jeunes des quartiers populaires présente plusieurs intérêts majeurs, tant sur le plan identitaire que citoyen et culturel. Outre la découverte de styles et rythmes musicaux qui sont souvent les parents de ceux qu’écoutent la jeunesse actuellement (On retrouve les motifs de clave Caraïbes et afro-cubaines comme base de la plupart des productions rap/drill actuelles), divers aspects peuvent être mis en perspective :

  • Valorisation et reconnaissance de l’histoire : L’Atlantique Noir permet de replacer l’histoire des populations noires et issues de l’immigration au cœur de la modernité, en montrant que leur expérience n’est pas marginale mais constitutive de l’histoire universelle et des sociétés contemporaines. Cela donne aux jeunes le sentiment d’appartenir à une histoire collective riche, souvent occultée ou stigmatisée dans les récits nationaux.
  • Déconstruction des stéréotypes et lutte contre la stigmatisation : Comprendre l’Atlantique Noir, c’est aussi déconstruire les images négatives et homogénéisantes souvent véhiculées par les médias sur les jeunes des quartiers populaires. Cela permet de sortir de la posture de « victime » ou de « problème » pour valoriser la créativité, la résilience et la capacité d’innovation culturelle des diasporas africaines.
  • Ouverture à l’hybridité et à la pluralité des identités : Le concept insiste sur l’hybridité culturelle, la circulation et la richesse des échanges entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques. Cela peut aider les jeunes à penser leur propre identité de façon ouverte, dynamique et non réductrice, en intégrant la diversité de leurs héritages et de leurs appartenances sociales, culturelles ou religieuses.
  • Outil de cohésion et d’engagement : S’approprier l’histoire de l’Atlantique Noir peut devenir un instrument de cohésion, en favorisant la convergence entre différents groupes et en permettant de revendiquer une mémoire commune face au racisme et à l’exclusion. Cela peut aussi éveiller un sentiment de fierté et d’appartenance, tout en donnant des clés pour comprendre les mécanismes de domination et pour s’engager dans la lutte contre les discriminations.
  • Mise en perspective des enjeux contemporains : Enfin, l’Atlantique Noir invite à relier le passé (esclavage, colonisation) et le présent (racisme, inégalités, discriminations), en montrant la continuité des rapports de pouvoir et la nécessité de les questionner. Cela encourage les jeunes à se projeter comme acteurs de changement, porteurs d’une histoire et d’une culture capables de transformer la société.

En somme, expliquer l’Atlantique Noir aux jeunes des quartiers, c’est leur offrir des outils pour comprendre leur place dans le monde, valoriser leur histoire, déconstruire les préjugés, renforcer la confiance en soi et ouvrir des perspectives d’engagement et de dialogue interculturel.

En pratique

Festival JazzOparc 2025

  • Conférence Musicale de DJ James Stewart sur le concept d’« Atlantique Noir » et  son illustration avec la musique afro-cubaine.
  • Samedi 26 juillet à 11h au Parc des Cordeliers d’Anduze.

Plus de renseignements sur jazzoparc.com

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Adresse

Parc des Cordeliers,
18 Avenue du Pasteur Rollin,
30140 Anduze