Un spectacle déconcertant et captivant qui transporte dans une autre dimension - ©Nat Elkeje

Mimaa : « Remplir une salle de 500 places à Alès, c’est énorme pour moi »

Le 21 novembre 2025

par Charlotte Eloy

Le 21 novembre, le Cratère ouvre sa scène à Mimaa, une jeune artiste alésienne qui fait rayonner la nouvelle scène française. Révélée par ses titres “Gypsy”, “Dolce Vita”, “Fille du Sud” et ,plus récemment, “Cagole”, elle captive par la poésie de ses mots et l’énergie lumineuse qui traverse ses chansons. Interview avant son concert au Café de la Danse sur Paris et sa tournée des Zéniths.

Scène des Mondes : Mimaa, tu es une artiste très connectée à tes racines méditerranéennes qui se ressentent dans tes rythmes et les émotions que tu transmets. Peux-tu nous dire en quoi ces origines nourrissent ton univers musical, pour les créations comme les reprises ?

Mimaa : Je viens d’une famille d’immigrés espagnols, italiens et siciliens, j’ai grandi à Alès et ça fait maintenant 12 ans que je vis à Paris pour le travail mais toute ma famille est ici. À Alès, il y a une forte culture gipsy, gitane et flamenco qui a une grande influence sur ma musique et mes clips. 
Je m’inspire énormément de l’atmosphère dans laquelle j’ai évolué parce que je trouve que c’est une atmosphère folklorique, très haute en couleurs. Et j’ai vraiment envie de mettre ça en avant dans ma musique et dans mes visuels.

Scène des Mondes : Le mois dernier, tu as passé quelques jours en résidence au Conservatoire d’Alès afin de préparer tes deux scènes du mois de novembre, avec tes musiciens Vicente et Patito. Peux-tu nous décrire ce que l’on travaille lors d’une résidence ?

Mimaa : Une résidence, c’est hyper important, ça permet de construire tout le show et aussi de passer trois jours en immersion totale entre musiciens, avec toute l’équipe. Cela donne la possibilité de créer une cohésion de groupe : on s’entraîne à ressentir ensemble, à jouer ensemble, à s’écouter les uns les autres pour que le show soit le plus fluide possible. Pour ça, il faut se connaître musicalement et humainement. Passer trois jours intenses dans un endroit clos, à raison de 10 heures par jour, c’est assez épuisant parce qu’il y a beaucoup d’informations à ingurgiter mais ça nous permet de tisser un lien très fort et ça se ressent forcément sur scène ensuite. 
Ce sont trois jours de laboratoire qui sont nécessaires, où nous pouvons tester plusieurs formules, essayer de nouvelles choses sur les morceaux, réarranger musicalement et créer ensemble….

Scène des Mondes : Sur instagram, tu as posté une vidéo intitulée “La Scène” pour annoncer tes deux prochains concerts : au Cratère à Alès et au Café de la Danse à Paris. Peux-tu nous expliquer comment tu construis tes concerts ?

Mimaa : Tout d’abord je sélectionne mon équipe, c’est très important pour moi de sélectionner des musiciens qui vont venir nourrir mes idées, qui vont être complémentaires avec la direction artistique que je veux amener sur le show. Il y a tout un travail de préparation, il faut vraiment “mentaliser” le show, le visualiser, le rêver pour construire quelque chose en sachant où on va. 
Ensuite, il y a tout un travail d’informatisation du show. Là, ça commence à devenir vraiment concret : on met toutes les musiques dans le logiciel, on coupe, on découpe, on forme des cubes, des puzzles, on interchange des musiques, on rallonge, on raccourcit, on crée des transitions et on teste plein de choses jusqu’à obtenir la dynamique que l’on souhaite. 
En général, la dynamique va avec la phase de vie que je traverse à ce moment là, ce que j’ai envie d’incarner sur scène, comment je veux que les gens me voient, quelle partie de ma musique je veux accentuer sur ce show-là. Est-ce que j’ai plus envie de montrer la performeuse en moi ou plus la musicienne ? Il y a tout un tas de choses qui vont avec le “mood” dans lequel je suis dans ma vie de manière générale et ce que j’incarne et ce que je souhaite incarner.

Scène des Mondes : Depuis 2022, on te voit habiter différentes scènes : la Boule Noire, Garorock, les Vieilles Charrues, France 3, et tu repars pour une tournée des Zéniths en première partie de Marie s’infiltre : comment abordes-tu ce passage sur des grandes scènes ?

Mimaa : L’exercice des premières parties n’est pas évident d’abord parce que je suis seule sur scène, je n’ai pas mes musiciens, je chante sur bande son. C’est particulier car je dois être dans le partage avec le public en face de moi mais je n’ai personne avec qui partager sur scène ! Donc je dois être assez amusée par ce que je suis en train de faire de manière à ce que le public le ressente et que j’arrive, seule, à communiquer beaucoup de joie et transmettre cette énergie de partage. 
L’autre exercice pas simple, c’est la durée du passage qui est très courte : j’ai 15 minutes pour convaincre les gens, pour les faire rentrer dans mon univers donc le choix des chansons est très réfléchi par rapport à ce que je veux incarner. 
Et troisième aspect difficile de l’exercice, c’est que la première partie est toujours le moment un peu ingrat où il faut combler le vide en attendant que le vrai spectacle commence. Les gens sont en train de s’installer, ils parlent, ils bougent, l’attention n’est pas rivée sur moi. C’est doublement difficile de les capter et de les amener dans mon univers.

Scène des Mondes : Tu vas chanter pour la première fois au Cratère, scène nationale d’Alès, ta ville d’origine. Est-ce pour toi une émotion particulière, un concert un peu différent des autres ?

Mimaa : C’est une émotion très particulière car, à ma grande surprise, la salle sera quasiment pleine alors qu’il y a deux ans, quand j’ai chanté à la Feria, en plein air, gratuitement, il devait y avoir 50 personnes devant moi. Deux ans après, remplir une salle de près de 500 places, chez moi, à Alès, c’est énorme en tant qu’indicateur d’évolution. 
Ensuite c’est la première fois que je vais montrer mon show à ma ville et l’émotion est toute particulière, d’ailleurs cette année, les deux seuls shows que je fais en “headline” sont l’un à Paris et l’autre à Alès, sinon ce sont des Festivals et des premières parties. 
Je tenais vraiment à faire un show à Alès, dans cette ville qui est chère à mon cœur. Même si je vis à Paris depuis 12 ans, c’est une ville que j’affectionne, une ville qui m’a construite… J’ai un public parisien et je suis hyper heureuse de me rendre compte que j’ai aussi un public dans le sud qui est là pour m’écouter, me suivre et me soutenir. C’est génial pour moi qui me sentais un peu coincée entre le sud et Paris et qui étais en perte de repères. Je suis en train de comprendre que ma place est dans ces deux endroits et les gens m’attendent, que ce soit ici ou là-bas.

Scène des Mondes : Qu’aimerais-tu que le public alésien ressente et retienne en sortant de ton concert au Cratère ce 21 novembre ?

Mimaa : En sortant j’aimerais que les gens se disent que j’ai fait honneur à nos racines, que j’ai sublimé notre culture, notre mode de vie. Le plus beau cadeau ce serait que les gens me disent : « Merci de parler de nous partout et de montrer qu’on est unique, qu’on a le soleil en nous et que le sud c’est génial ».

Scène des Mondes : Pour conclure, si tu pouvais parler à la Mimaa enfant, qui chante accompagnée par son prof de piano, tu lui dirais quoi aujourd’hui ?

Mimaa : Je lui dirais : « Ne lâche pas, continue de croire en toi, tu vas faire des choses incroyables et tu as raison de voir grand, de voir loin et de te prendre au sérieux même si les gens vont parfois rire de ça. Tu as raison de t’investir autant. Garde la foi lorsque les moments seront plus rudes et ne doute jamais parce que tu es faite pour ça, même si parfois tu l’oublies ».

En pratique

Ce Vendredi 21 novembre, à 20h30
Le Cratère à La Prairie (parking gratuit au Champ de Foire)
Tarifs : de 7€ à 17€
Dernières places disponibles
Réservations : lecratere.fr

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