Les prochaines visites guidées de l’exposition “Alechinsky sur papier” ont lieu les 23 et 30 octobre

Entrez dans l’imaginaire foisonnant d’Alechinsky

Le 10 octobre 2025

par Christine Zanella-Savy

La visite guidée de l’exposition “Alechinsky sur papier”, au musée PAB, donne les clés de l’univers fascinant d’un des plus grands peintres-graveurs de notre époque.

« Pierre Alechinsky déborde d’imagination et d’idées » campe Emilie Erlich, médiatrice culturelle des musées d’Alès, qui mène la visite avec énergie et compétence. La démonstration éclatante de ce postulat saute aux yeux au fil de l’exposition proposée au musée PAB jusqu’au 4 janvier prochain. Manifestement, Alechinsky, peintre et graveur franco-belge, s’est beaucoup amusé tout au long de sa carrière artistique, débutée dans les années 40 sous l’égide du mouvement d’avant-garde CoBrA. Figure majeure de l’art contemporain, il continue, à 98 ans, à se lever tous les matins à l’aube pour peindre dans son atelier parisien…

L’amour des ronds

La plongée dans l’univers d’Alechinsky commence au deuxième étage du musée par les livres d’artistes, notamment ceux qu’il a réalisés avec l’Alésien Pierre-André Benoit (PAB), entre 1967 et 1992. « Pierre Alechinsky, qui était très ami avec PAB, lui proposait des projets de livres d’artistes dès qu’il le sentait déprimé ! » explique Emilie. Au total, bien au-delà de sa collaboration avec PAB, Alechinsky a illustré quelque 600 à 700 livres d’artistes, dont Un amour de Swann, de Marcel Proust, ouvrage grand format où l’on retrouve, sur chaque page de droite, un rond qui descend au fil des pages puis finit par tourner sur lui-même !
Les ronds, justement, sont l’une des marottes d’Alechinsky, qui aime les lignes courbes. Certains de ses tableaux sont de format rond et une série de trois tableaux rectangulaires est dénommée Œilletons I, II, III : une œuvre jusqu’alors exposée une seule fois au Japon et que l’on peut donc admirer à Alès.

Le monstre de Central Park

Comme il aime à dire lui-même, « c’est par la répétition que l’on est convaincu de certaines choses ». Par exemple, l’artiste adore les monstres, que l’on retrouve dans beaucoup de tableaux sous forme de serpents ou d’êtres improbables et colorés avec de grandes gueules. Ils occupent aussi nombre de ses “remarques marginales”, des vignettes encadrant le tableau central comme une bande dessinée, technique qu’il a développée en 1965 après un voyage à New York où il a imaginé et peint « une gueule débonnaire de monstre », celui qu’il imaginait à Central Park…
Ces remarques marginales forment la vraie signature de Pierre Alechinsky, tout comme ses dessins qui relèvent parfois de la caricature. Ainsi pour la série“Le dérisoire absolu” traitant des problèmes linguistiques en Belgique : sur chaque dessin, un personnage tire une langue délirante, langue-serpent, langue-main, langue-pieuvre, etc. Ou encore les dessins du livre Le Volturno, hommage au manuscrit de Blaise Cendrars, évoquant l’histoire d’un bateau-hôpital italien qui a pris feu sur l’Atlantique.

Les “rescapés de la corbeille”

Pour Pierre Alechinsky, tout est sujet à création : il imagine ainsi une belle série de gravures “Labyrinthes d’apparat”, suite à la mésaventure de son taxi qui se perd pour le ramener à Bougival depuis la gare de Lyon.
Ambidextre, Pierre Alechinsky est capable d’écrire parfaitement en miroir, à main levée, et il ne s’en prive pas dans nombre de ses peintures acryliques, gravures, lithographies et autres eaux fortes et aquarelles.
Il peint aussi sur toutes sortes de vieux papiers – cahiers d’écolier, cartes géographiques, actes notariés, livres de comptes – qu’il appelle « les rescapés de la corbeille »-, s’appuyant sur l’existant pour laisser vagabonder son imagination, « comme s’il travaillait à quatre mains ».
En somme, tout un univers espiègle et malicieux qu’il est passionnant de découvrir grâce aux visites guidées du musée. Sachant que l’histoire n’est pas finie car lorsqu’on demande aujourd’hui à Pierre Alechinsky quels sont ses projets, il répond qu’il veut « aller au devant de la surprise : il y a moyen de s’étonner encore ! ».

En pratique

  • Prochaines visites guidées : les 23 et 30 octobre, le 13 novembre, le 11 décembre et le 4 janvier à 15h.
  • Visites guidées sur demande pour les groupes.
  • Tarif : entrée au musée 7 € (plein tarif) + 2 € pour la visite guidée
  • Musée PAB, 52 Montée des Lauriers, Alès
  • tél. 04 66 86 98 69

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