par Marion Durand
Des silhouettes de pierre émergent des vallées et des garrigues. Certaines veillent sur la Cèze, d’autres dominent Alès ou se dressent sur l’antique voie Régordane. Toutes ont en commun d’avoir traversé les siècles et de livrer encore aujourd’hui leurs secrets. À partir du 29 septembre, la Semaine Cévenole vous invite à franchir les portes de ces forteresses et à redécouvrir le territoire à travers ses châteaux.
Le parcours commence par un plongeon dans le Moyen Âge.
À Allègre, le visiteur entre dans un “village de chevaliers”, constitué de 12 maisons seigneuriales, où femmes et hommes partageaient les mêmes droits, une rareté pour l’époque. En 1383, lors de la guerre de Cent ans, la coseigneurie d’Allègre est victime de la révolte des Tuchins, des “rustres et manants” qui investissent le castrum.
À Montalet, c’est la mémoire des sièges et des assauts qui ressurgit, entre immense citerne permettant de résister aux sièges et récits de batailles acharnées. Au XIIe siècle, le site aurait été investi par l’armée d’Amaury de Montfort…
Plus au nord, Aujac se dresse comme une sentinelle sur son éperon rocheux : dernier représentant intact d’un réseau de fortifications, il a la particularité d’être encore habité aujourd’hui. De la tour carrée à la tour ronde, le château illustre l’évolution castrale du Moyen Age à la Renaissance.
Le voyage géographique et temporel ne s’arrête pas là.
À l’ouest, le château de Portes, véritable porte d’entrée des Hautes Cévennes, constitue le mariage d’une forteresse médiévale et d’un bastion Renaissance. Vers 1700, l’édification d’un éperon formant un angle de 42° confère à l’édifice une architecture spectaculaire en forme de proue de navire, atypique et unique en Europe, qui lui vaut le surnom de “Vaisseau des Cévennes”.
Au cœur même d’Alès, le Fort Vauban, construit en 1688, raconte une histoire plus sombre : celle de la répression religieuse après la Révocation de l’Édit de Nantes et, plus tard, celle des prisons du XXᵉ siècle.
« La Semaine Cévenole 2025 donne l’occasion au public de parcourir ces lieux de manière immersive, avec des visites guidées et enrichissantes » souligne Catherine Larguier, adjointe alésienne à la Culture.
Au-delà de leur beauté brute, ces sites ont en commun d’être restaurés et animés depuis des décennies par des bénévoles et des associations énergiques. Grâce à eux, les vieilles pierres deviennent le théâtre d’histoires racontées, de fêtes médiévales et de moments de transmission. La Semaine Cévenole invite ainsi à vivre le patrimoine non comme un décor figé, mais comme une mémoire vivante, partagée entre passé et présent, histoire et émotions.
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