Dans les galeries de la Mine Témoin d’Alès, l’histoire se raconte autrement cet été. Tous les mercredis soirs, du 16 juillet au 27 août, le site propose une nouvelle version de sa visite théâtralisée en nocturne, imaginée comme une expérience immersive entre émotion, satire et réflexion citoyenne. Conçue par la Compagnie Oncore, cette création originale mêle théâtre, vidéo et mémoire minière pour faire dialoguer passé minier et enjeux écologiques actuels.
Sous la direction artistique de Noémie Machefer-Delamatta, et portée par les comédiennes Viviana Allocco et Noémie Machefer-Delamatta, la visite nous plonge dans le récit de Jeanne Capodimonte, descendante de mineurs italiens venus s’installer dans le bassin cévenol au début du XXe siècle. À travers son histoire familiale, c’est toute une mémoire ouvrière et migrante qui ressurgit dans les galeries de l’ancienne mine.
Mais cette évocation du passé prend un tour inattendu lorsque survient Jacqueline Pluc, chercheuse engagée en faveur d’un retour du charbon comme énergie d’avenir. Son discours provoque un décalage troublant, interrogeant le spectateur sur les paradoxes de la transition énergétique, la gestion des ressources et la place que nous donnons à la mémoire industrielle dans les débats d’aujourd’hui.
Entre poésie visuelle, satire sociale et émotion collective, cette visite d’une heure ne se contente pas de retracer une époque révolue : elle met en perspective notre rapport à l’histoire et à l’avenir, dans un décor souterrain où fiction et réalité s’entremêlent.
Chaque séance, en groupe réduit, offre ainsi une expérience sensible et engageante, où les visiteurs ne sont pas de simples spectateurs, mais des témoins interpellés par les voix du passé et les défis du présent.
À La Grand’Combe, c’est dans les anciens bâtiments du Puits Ricard que la Maison du Mineur explore elle aussi de nouvelles manières de faire vivre la mémoire ouvrière.
Durant tout l’été, ce site emblématique du bassin cévenol accueille une programmation culturelle singulière, où le geste artistique prolonge la parole des mineurs.
Dès le 24 juillet, puis chaque jeudi jusqu’au 21 août, le public est invité à découvrir les lieux à travers des balades artistiques nocturnes. Guidés dans la douceur du soir, les visiteurs déambulent sur le carreau minier, ponctué de performances : violoncelle, chant, fil d’équilibre, piano… Chaque intervention s’inscrit dans un espace différent, révélant l’architecture industrielle comme un décor vivant, ouvert à l’imaginaire.
Mais le point d’orgue de la saison se jouera les 2 et 3 août, avec la représentation du spectacle son et lumière « Vingt mille yeux sous la terre ». Ce récit à la fois dramatique et poétique, porté par des comédiens et un impressionnant dispositif de vidéo mapping, nous plonge dans le quotidien des mineurs à travers les yeux de deux rescapés d’un accident.
Entre la salle des lavabos et le chevalement, la parole ouvrière rejoint les grands récits mythologiques, questionnant la domination de la nature, les promesses du progrès et les cicatrices du travail au fond.
En mêlant émotion, mémoire et technologie, ce spectacle rend un hommage aux « gueules noires », tout en posant un regard lucide sur les paradoxes de notre modernité.
À travers ces deux programmations culturelles ambitieuses, Alès Agglomération transforme ses sites miniers en véritables laboratoires artistiques. En mettant en scène le patrimoine, elle lui redonne une voix — multiple, vivante, parfois dérangeante — et invite chacun à redécouvrir l’histoire industrielle du territoire avec les yeux d’aujourd’hui.
Car si les mines ne résonnent plus du bruit des marteaux-piqueurs, elles n’en ont pas fini de parler. Mieux encore, elles nous interpellent — sur le passé, bien sûr, mais aussi sur les choix que nous avons à faire pour l’avenir.